Les causes de coloration des dents
Il existe deux types de coloration de l’émail dentaire :
La coloration superficielle. Elle est due au tabagisme, à une hygiène bucco-dentaire insuffisante ou à la consommation d’aliments colorants (café, thé, fruits rouges, curry, safran…). Pour ce type de coloration, les techniques les plus courantes sont généralement suffisantes pour obtenir de bons résultats.
La coloration profonde. Elle peut être due à une prise de tétracyclines (antibiotiques) pendant l’enfance, à un excès de fluor, à la perte de vitalité de la pulpe dentaire ou à certains produits d’obturation dentaires. Ce type de coloration est plus complexe à traiter et nécessite une intervention intra-dentaire afin d’appliquer un produit à l’intérieur de la dent au contact de la dentine.
Le choix de la technique d’éclaircissement dépend de la cause de la coloration dentaire, il est donc recommandé de prendre conseil auprès de votre chirurgien-dentiste.
Le détartrage : la première étape !
Le détartrage est un « passage obligé » avant tout blanchiment. Il doit être pratiqué par un chirurgien-dentiste et consiste à éliminer le tartre et la plaque dentaire par « grattage », puis à polir la surface de la dent pour recréer un environnement sain et faciliter le nettoyage des dents.
Bien souvent, en cas de coloration superficielle, ce simple détartrage peut être suffisant. Dans le cas d’une coloration nécessitant d’autres soins, il permet de préparer la dentition à recevoir le traitement.
Les techniques en vente libre
- Le dentifrice à action éclaircissante. C’est une pâte abrasive qui, utilisée en alternance avec le dentifrice habituel, va polir progressivement et en douceur la surface de la dent afin de faire disparaître les taches.
- Les « kits de blanchiment ». Ils se présentent sous forme de bandelettes, stylos… et contiennent du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), du peroxyde de carbamide ou du perborate de sodium. Ces produits ont un fort pouvoir oxydant et permettent de décolorer la substance colorante. En vente libre, sans prescription, utilisables par tous, ils sont soumis à la réglementation en vigueur qui impose une faible concentration en peroxyde (au max : 0,1%) pour un usage sans risque particulier.
Les techniques du chirurgien-dentiste
Les gels à forte concentration de peroxyde d’hydrogène. Le gel décolorant est appliqué dans une gouttière. La gouttière est ensuite placée sur la denture afin que le produit reste en contact avec les dents. Le traitement se pratique en une ou plusieurs séances. La première séance est toujours réalisée par le praticien dans son cabinet. Des séances supplémentaires à domicile peuvent être prescrites au patient.
Les produits utilisés en cabinet dentaire contiennent entre 0,1 et 6 % de peroxyde d’hydrogène. Ils ne peuvent être vendus qu’aux chirurgiens-dentistes. De plus, le premier traitement est limité et ne peut être effectué que par les seuls praticiens. Ce traitement est réservé aux plus de 18 ans.
Parfois, l’utilisation d’un gel à base de peroxyde d’oxygène peut être associée à une exposition des dents à la lumière de lampes froides.
Ces traitements sont à réserver en cas de coloration fortement gênante ou pathologique. Pour des raisons esthétiques, le risque n’est pas justifié.
Et les « bars à sourire » ?
Depuis quelques temps, des bars à sourire se développent en France. Ces entreprises proposent un blanchiment des dents associant gel et exposition à une lumière froide. Ce traitement dure de 3 à 6 mois si l’on évite de consommer des produits colorants. Le conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes a alerté les autorités sanitaires nationales sur les doutes qui existent concernant les produits utilisés dans ces « bars à sourire ». En effet, les résultats affichés – plusieurs nuances d’éclaircissement gagnées en une séance de 20 minutes – laissent craindre l’usage de produits plus puissants que ceux autorisés (moins de 0,1 % de peroxyde d’hydrogène). De plus, le personnel n’a aucune formation médicale. Il existe pourtant des risques dont les clients doivent être informés.
Quels sont les risques des produits à base de peroxyde d’hydrogène ?
Un fort dosage ou un usage prolongé et répété de peroxyde d’hydrogène provoque des effets irréversibles sur la dent, la gencive et le parodonte :
- Une hypersensibilité des dents (apparition de douleurs, accentuées notamment par le froid)
- Une altération de l’émail et une déminéralisation sur les tissus durs de la dent augmentant leur perméabilité. La pulpe dentaire peut alors se trouver plus exposée aux agressions chimiques et thermiques
- Une usure prématurée des dents
- Une fragilisation de la dent
- L’irritation des muqueuses liée à la causticité du produit
- La réaction avec les matériaux d’obturation dentaires (amalgames, composites) qui peut dégrader la jonction entre dent et obturation, et favoriser ainsi infiltrations et récidives de caries
- Une recoloration plus rapide des dents. En effet, en cas d’expositions trop longues ou trop fréquentes, l’altération de l’état de surface de l’émail dentaire peut faciliter la fixation des pigments.
Les contre-indications : « les dents des enfants et des adolescents ainsi que les dents présentant des caries, des lésions d’usure ou d’abrasion, une hypersensibilité (dents très sensibles au froid), des obturations volumineuses ou non étanches, des dents obturées à l’amalgame (compte tenu de la libération de vapeurs de mercure provoquée par l’action des peroxydes sur les amalgames) »
Le perborate de sodium. Lors d’une réaction chimique avec d’autres produits, le perborate de sodium peut libérer du peroxyde d’hydrogène. La mention « sans peroxyde » sur des kits de blanchiment en vente libre est donc de nature à induire le consommateur en erreur. Le perborate de sodium est classé par la règlementation européenne comme toxique pour la reproduction et peut nuire à la fertilité et au fœtus.
Compte tenu de ces risques et contre-indications, l’examen des dents et de la muqueuse buccale par un chirurgien-dentiste est indispensable avant tout traitement d’éclaircissement dentaire.
– « Les bars à sourire peuvent nuire à la santé », La Lettre n°100, septembre 2011, p.5-9, Ordre national des chirurgiens-dentistes.
– « Bar à sourire », La Lettre n°101, octobre 2011, p.9-11, Ordre national des chirurgiens-dentistes.
– « Eclaircissement dentaire, l’Europe clarifie la réglementation », La Lettre n°102, novembre 2011, p.22-25, Ordre national des chirurgiens-dentistes.