On le voit de plus en plus orner les devantures des restaurants, et pour cause : le logo « fait maison »
(une petite casserole surmontée d’un toit) rassure et attire le regard des clients en quête d’un bon repas. Mais en cuisine, que se mijote-t-il réellement pour que les plats puissent être décorés du label « fait maison » ?
Qualité et savoir-faire dans l’assiette
Concrètement, le label « fait maison » fait référence à des plats entièrement cuisinés et donc transformés sur place à partir de produits bruts. Comme l’indique la loi Consommation du 17 mars 2014 et le décret du 11 juillet 2014 (modifié le 7 mai 2015), on appelle produits bruts des produits crus qui n’ont nullement été modifiés en amont, ni mélangés avec autre chose. Pas de risque donc, pour le consommateur, de tomber sur des assiettes toutes prêtes réchauffées au micro-ondes ou des plats assemblés à la va-vite en cuisine.
Mais qui dit produits crus ne dit pas forcément produits frais ! Les établissements qui présentent le label « fait maison » peuvent tout à fait utiliser des produits surgelés, notamment de la viande ou du poisson, pour confectionner leur plat. Les légumes surgelés, quant à eux, ne sont pas admis car ils ont forcément subi un traitement de blanchiment ou pasteurisation, et donc, au sens de la loi, une modification. Pour ce qui est des produits sous vide, ils peuvent aussi être utilisés à partir du moment où ils sont crus.
Quelques exceptions pour des produits non bruts…
Comme bien souvent, il y a des exceptions à la règle. Pour le label « fait maison », ces exceptions correspondent à des produits non bruts pour lesquels le consommateur n’attend pas qu’ils soient confectionnés par le restaurateur. Il s’agit du pain, des pâtes et céréales, fromages, salaisons (produits de charcuteries traités au sel), saurisseries, charcuteries (sauf terrines et pâtés), matières grasses alimentaires, crème fraîche, lait, farines et biscuits secs, légumes et fruits secs confis, condiments, choucroute crue, levure, sucre et gélatine, épices, aromates, mais aussi les concentrés, les fonds (blonds, bruns et fumets), demi-glace et abats blanchis. S’ajoutent encore à cette liste le chocolat, le café, les tisanes, thés, infusions, sirops, vins, alcools et autres liqueurs, tous acceptés pour la préparation de plats labellisés. Mais attention, ces produits ne doivent pas constituer l’élément principal de l’assiette !
Le « fait maison », meilleur pour la santé ?
Pour Francis Attrazic, président de l’Association française des maîtres restaurateurs, il n’y a pas de doute : le « fait maison » est une vraie sécurité pour le consommateur. En tant qu’ambassadeur du « fait maison », il a la volonté de faire connaître au plus grand nombre cette cuisine car oui, dit-il, « le titre de maître-restaurateur défend une nourriture santé, une nourriture fraîcheur, grâce notamment au recours à des circuits courts pour l’approvisionnement ». On touche du doigt la notion de développement durable avec une cuisine qui serait bonne aussi pour la planète ? A ce jour, aucune étude n’a pu mettre en évidence les vertus santé du « fait maison ».
Malgré tout, le fait d’utiliser des produits crus limite la présence d’éléments liés à la conservation et au traitement des aliments. L’ajout d’un additif peut être toléré, mais seulement s’il est autorisé par la réglementation et nécessaire pour la bonne conservation d’un produit. Par contre, il ne doit modifier ni son goût, ni sa texture.
Restaurants labellisés, une addition plus salée ?
Les restaurants présentant le label « fait maison » ne pratiqueraient pas forcément des prix plus élevés que leurs voisins non labellisés. Certes, cuisiner des produits bruts demande plus de temps et de savoir-faire comparé à la cuisine d’assemblage ou au simple réchauffage de plats. Le besoin de main d’œuvre supplémentaire se fait aussi sentir. Malgré tout, les restaurateurs joueraient sur le coût des matières premières, en acceptant aussi parfois une marge plus faible.
Comment obtenir le label « fait maison » ?
Pour décrocher le label « fait maison », rien de plus simple : aucune procédure de certification ni de labellisation, et aucun examen de passage ne sont nécessaires. C’est une démarche volontaire du restaurateur qui décide d’arborer fièrement sur sa carte le logo ou la mention « fait maison » en face des plats concernés : entrées, plats de résistance et/ou desserts. Si l’ensemble de ses plats sont « faits maison », il peut aussi indiquer le logo à un endroit unique – et stratégique ! –de son établissement, pour qu’il soit vu par tous les clients.
Néanmoins, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) est chargée de vérifier l’exactitude des informations dans le cadre des contrôles habituels des établissements. En cas de tromperies, de lourdes sanctions sont prévues par le code de la consommation : jusqu’à 300 000 euros d’amende et 2 ans de prison.
Bon nombre de restaurateurs reconnaissent ne pas pouvoir respecter à la lettre les contraintes trop strictes de la loi. Du coup, « pour un oignon congelé utilisé en cuisine, ils ne peuvent pas afficher le label fait maison », regrette Alain Tortosa, représentant du groupe des restaurants qui font à manger. Pour lui, moins de 5 % des établissements pourraient prétendre aujourd’hui à ce label.
D’autres restaurateurs auraient peur d’attirer l’attention et donc… les contrôles ! D’autres encore, par principe, ne veulent pas afficher ce label, prétextant qu’ils proposent depuis toujours une cuisine maison à leur clientèle…
- Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique
- Association française des maîtres restaurateurs
- Les restaurants qui font à manger