Comment fonctionne le narguilé ?
Le narguilé fonctionne un peu comme une pipe. Le tabac brûle dans une coupelle, la fumée aspirée passe par un vase rempli d’eau puis dans un long tuyau et finit dans la bouche du consommateur.
Le tabac utilisé, dit tabamel, est composé à 28% de tabac et à 70% de mélasse et d’un arôme de fruit. Il est consumé à l’aide de charbon naturel ou auto-allumant. Ce dernier est composé de poudre de charbon et de plusieurs produits chimiques. Il dégage davantage de monoxyde de carbone et d’autres substances qui le rendent encore plus dangereux que le charbon traditionnel.
Une cible privilégiée : les jeunes
Les fabricants de tabamel rivalisent d’ingéniosité pour créer des parfums et séduire une jeune clientèle. Et en effet, la moitié des élèves de 16 ans ont déjà fumé la chicha et 20% des lycéens de 18 ans fument la chicha au moins une fois par mois !
Selon une étude de 2007*, ce sont de jeunes hommes qui consomment le plus souvent. La prise est occasionnelle, entre une fois par semaine ou une fois par mois, le plus souvent le soir ou le week-end. La séance dure généralement de 30 à 45 minutes chez des amis, à domicile ou au café. Car, en effet, malgré la loi du 1er janvier 2008 interdisant de fumer dans les lieux public, des bars à chicha continuent d’exister en jouant sur une certaine tolérance et le statut d’association de loi de 1901 qui échappe à cette loi.
Toujours selon l’étude de 2007, 22% des utilisateurs pensent que la chicha n’est pas toxique et la grande majorité d’entre eux ne souhaite pas arrêter. Pourtant, la toxicité du produit est réelle.
Pourquoi la chicha est-elle plus nocive que la cigarette ?
La douceur de la chicha laisse supposer qu’elle est moins nocive que la cigarette et fait souvent sous-estimer son impact sur la santé. Mais c’est une source de pollution pour le fumeur, comme pour son entourage !
La fumée de chicha n’est pas plus toxique que celle de cigarette mais on l’ingère généralement plus longtemps et donc dans des proportions beaucoup plus importantes.
De plus, même si le tabamel contient moins de nicotine que le tabac des cigarettes et que sa nicotine est filtrée en grande partie par l’eau, il est consommé en plus grande quantité. De la sorte, la consommation d’une chicha apporte autant de nicotine qu’une ou deux cigarettes. Elle peut donc entraîner une dépendance, tout aussi bien que la cigarette !
Il faut également souligner que la combustion du tabac à plus basse température, génère plus de goudrons et de monoxyde de carbone (CO) que la cigarette. En effet, la consommation de chicha implique une forte production de monoxyde de carbone et plusieurs cas d’intoxication après la consommation d’une chicha ont été recensés. Le CO favorise les problèmes cardiaques et une mauvaise circulation sanguine. Par ailleurs, la concentration de monoxyde de carbone dans les bars à chicha peut s’élever à 4 à 8 fois le niveau d’alerte à la pollution de l’air en ville !
Les substances utilisées pour parfumer le tabac peuvent avoir des conséquences sur la santé, encore mal connues aujourd’hui. L’eau ne filtre pas les substances chimiques, elles se retrouvent donc toutes dans la fumée et sont inhalées. Ainsi, le narguilé comporte les mêmes risques que la cigarette, le goudron et les substances nocives peuvent provoquer un cancer (lèvres, bouche, poumons…).
Enfin, lors d’un partage de chicha, il est rare que l’embout soit changé par chaque utilisateur. Il existe donc un risque de transmission de maladie : hépatites, herpès, tuberculose…
Plus d’infos :
- Tabac-info-service.fr
* « Enquêtes sur le mode de consommation de la chicha (narguilé) en 2007 en France », B. Dautzenberg, J.-F. Bertholon, M.-H. Becquemin, Y. Lettiero, C. Penfornis, BEH Thématique 21, mai 2007
- « Tabac à chiquer, pipe à eau, snus, tabac à priser », SFA / ISPA, 2008.
- « La chicha, pas si doux que ça ! », OFT, mai 2009.
- « Loi anti-tabac : les bars à chicha derrière un écran de fumée », L. Lacour, Métro, 6 nov 2009.