Différents médicaments, différents mécanismes de prise de poids
Mise en garde ! Les mécanismes de prise de poids décrits ci-dessous sont cités à titre d’exemple et ne sont ni exhaustifs ni limitatifs.
Une classe de médicaments peut agir sur le poids par le biais de plusieurs mécanismes et un mécanisme peut être commun à plusieurs classes de médicaments : l’effet orexigène, par exemple, peut être provoqué par les corticoïdes, les androgènes, les anabolisants… De plus, les médicaments présentés peuvent induire d’autres effets indésirables.
Les psychotropes (antidépresseurs et antipsychotiques)
Ces médicaments sont utilisés pour soulager la souffrance psychique. Ils sont prescrits dans les cas de dépression et de troubles psychiatriques : schizophrénie, trouble bipolaire…
L’un des effets secondaires les plus fréquents de cette classe de médicaments est la prise de poids, qui peut atteindre jusqu’à 4 kg au bout de 10 semaines. Les raisons de cette prise de poids sont multiples : ralentissement ou modification du métabolisme, augmentation de l’appétit, réduction de l’activité et changements hormonaux. Ce dernier effet serait une cause majeure de la prise de poids.
La perturbation endocrinienne. C’est l’hypothalamus, glande située dans notre cerveau, qui régule les sensations de faim et de satiété, selon les signaux qu’il reçoit via les hormones. Les médicaments psychotropes perturbent ses signaux et provoquent un dérèglement des mécanismes de faim et de satiété par un effet orexigène, c’est-à-dire qui stimule l’appétit et diminue la dépense énergétique, induisant en conséquence une prise de poids.
En savoir plus sur les mécanismes de faim et de satiété : consultez notre article « Trouvez votre poids de forme ! »
L’insuline
L’insuline est une hormone sécrétée par le pancréas. Elle est chargée de réguler le taux de sucre dans le sang en le stockant dans les muscles, le tissu adipeux et le foie. L’insuline est utilisée comme médicament pour traiter les personnes souffrant de diabète (de type I comme de type II à un stade avancé) car leur pancréas est incapable de produire de l’insuline ou d’en produire en quantité suffisante. Lors de la mise sous insuline, on observe une prise de poids qui s’explique par la disparition de la glycosurie.
La glycosurie est la présence de sucre dans les urines. Les personnes atteintes de diabète n’ont pas, ou pas suffisamment, d’insuline leur permettant de stocker le glucose dans l’organisme, il est donc éliminé dans les urines. Mais lorsque le patient reçoit de l’insuline, la glycosurie disparaît et le glucose est stocké dans l’organisme entraînant un gain de poids. Ainsi, l’insuline ne fait pas grossir à proprement parler, mais permet de retrouver le poids correspondant à sa consommation alimentaire. Elle agit donc comme un révélateur et n’éradique pas les problèmes de mauvaise hygiène de vie qui sont à l’origine du diabète de type II.
Les corticoïdes (ou cortisone)
La cortisone est un médicament anti-inflammatoire stéroïdien qui soigne les maladies inflammatoires ou allergiques. Les traitements longs concernent des maladies telles que l’asthme, la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive), la polyarthrite rhumatoïde, les cancers, les maladies de peau… Les traitements à base de corticoïdes n’entraînent pas de prise de poids s’ils sont de courte durée (2 à 3 semaines). En revanche, au-delà de 2 à 3 mois de traitement, 40 à 60 % des patients sont concernés par la prise de poids et/ou une modification de la silhouette. Le mécanisme en cause est l’hyperinsulinémie.
L’hyperinsulinémie correspond à un excès d’insuline dans le sang, c’est-à-dire un excès de l’hormone capable de faire baisser le taux de sucre dans le sang (glycémie). Cet excès d’insuline peut notamment être provoqué par la prise de corticoïdes. L’hyperinsulinémie entraîne une fonte des muscles, favorise le stockage de la graisse et provoque une redistribution très particulière des cellules graisseuses (lipodystrophie). En effet, ces dernières se concentrent sur le visage, lui donnant une forme arrondie très caractéristique, forment une bosse au niveau de la nuque et favorisent l’augmentation du tour de taille.
Les antihypertenseurs
Cette classe de médicaments est destinée à soigner l’hypertension artérielle. Certains hypertenseurs (inhibiteurs calciques, antihypertenseurs centraux, alpha-bloquants…) peuvent favoriser la prise de poids par la rétention d’eau, appelée aussi œdème.
L’œdème correspond à un gonflement des tissus dû à une accumulation d’eau (ou de liquide). Les antihypertenseurs favorisent la dilatation des vaisseaux sanguins afin de ralentir la pression artérielle mais, par la même occasion, les vaisseaux deviennent également moins « étanches » et laissent filtrer du plasma vers le tissu interstitiel, c’est-à-dire les tissus situés entre les organes, formant ainsi un œdème.
Les bêtabloquants
Ces médicaments sont utilisés pour traiter l’hypertension, le diabète ou les troubles cardiovasculaires. La prise de poids qu’ils induisent est due au phénomène de la thermogenèse.
La thermogenèse est un phénomène naturel qui régule la température corporelle en brûlant les calories et les graisses de l’organisme. Les bêtabloquants réduisent de moitié l’effet de la thermogenèse après les repas entraînant ainsi le stockage de ces graisses dans l’organisme et donc la prise de poids.
Comment limiter la prise de poids liée aux médicaments ?
Avant tout, signalez rapidement votre prise de poids à votre médecin et n’arrêtez en aucun cas votre traitement car il peut être vital, comme c’est le cas pour les antidépresseurs ou l’insuline par exemple.
Votre médecin effectuera éventuellement une modification dans votre traitement : diminution de la dose, passage à un médicament de nouvelle génération, changement pour un médicament de la même classe mais avec moins d’effets indésirables…
Dans tous les cas, prenez des mesures pour lutter contre le surpoids car il peut être à l’origine d’autres maladies que celle que vous traitez déjà : maladies cardiovasculaires, diabète de type II, maladies des articulations, cancers… Pour cela, les mesures hygiéno-diététiques sont les plus efficaces :
- Adoptez une alimentation variée et équilibrée en consommant 5 fruits et légumes par jour, des produits céréaliers complets et en réduisant vos apports en sucres et en graisses saturées. Veillez également à limiter vos portions. La consultation d’un diététicien ou d’un nutritionniste peut s’avérer utile pour vous aider à mettre en place un suivi nutritionnel.
- Pratiquez une activité physique journalière d’au moins 30 minutes. Même une activité à intensité modérée comme la marche est bénéfique. Si vous souhaitez perdre du poids, l’intensité doit être soutenue.
- Concernant les œdèmes, adaptez votre consommation d’eau : il est recommandé de boire 1,5 litre d’eau par jour pour mieux éliminer, mais pas plus ! Si votre œdème est localisé dans les jambes, pensez à les surélever dès que possible. Vous pouvez également masser les jambes de bas en haut, avec ou sans crème.
- « Ces médicaments qui font prendre du poids », allodocteur.fr
- cortisone-info.fr
- « L’insuline fait-elle grossir ? », Pr. Gérard SLAMA, ajd-diabete.fr
- « Qu’est-ce que la rétention d’eau ? », allodocteur.fr
- « Prévenir la prise de poids sous traitement neuroleptique », J. Favrod, A. Nguyen, & A. Rieker
- « Physiologie du comportement alimentaire », P. Sauleau, Université de Rennes